AGET pas l’éponge
Le 28 avril dernier, la commission hygiène et sécurité de la Haute-Garonne rend visite à Sciences Po Toulouse. Elle donne l’autorisation à l’établissement de poursuivre son exploitation, en demandant toutefois à ce que quelques modifications soient opérées. Parmi celles-ci, le déplacement du local de l’AGET-FSE[1], syndicat de lutte particulièrement actif lors des derniers mouvements étudiants.
Situé au troisième étage, en face des amphithéâtres, le local est occupé depuis une quinzaine d’années sans problème. Il semble toutefois, à en croire la commission, que ce dernier présente « un risque particulier d’incendie » et contienne « un important stockage de matériaux combustibles et produits inflammables », qui justifient son déplacement.
La direction de Sciences Po notifie l’expulsion par lettre au syndicat pendant les vacances scolaires[2]. Étape suivante, le 9 novembre elle lance une procédure auprès du juge des référés au Tribunal Administratif de Toulouse. Elle sera déboutée le 13 novembre, moindre mal puisqu’elle demandait l’évacuation de l’AGET par les forces de l’ordre, 1500 euros de frais d’avocat et 500 euros d’astreinte par jour d’occupation supplémentaire. L’expulsion est, en revanche, maintenue.
L’AGET n’a pas pu faire de visite contradictoire de son local, et il semblerait que « les matériaux combustibles » mentionnés par la commission soient des feuilles de papier. Une délégation hygiène et sécurité de l’Amiante a donc mené l’enquête à son tour. Elle a découvert un autre local, voisin et identique à celui du syndicat, qui a dû échapper à la vigilance des agents de la mairie. Il s’agit du bureau du professeur Jean Capot de Quissac, qui se trouve contenir un stock considérable de poudre à mousquet, ainsi qu’un authentique pistolet de la fin du XIXème[3].
L’évacuation du local de l’AGET est-elle due à la simple présence de ce papier hautement inflammable, ou le syndicat paie-t-il les dernières luttes durant lesquelles il a été en forte opposition avec la direction de Sciences Po[4] ? Quoi qu’il en soit, une nouvelle commission pourrait visiter le local vidé pour l’occasion. Elle notifierait à Sciences Po quelles rénovations effectuer, et la direction, en remettant les lieux à neuf, prouverait sa bienveillance envers le syndicat.
[1] Association Générale des Etudiants de Toulouse – Fédération Syndicale Etudiante
[2] Envoi le 30 juillet d’une lettre à l’AGET lui demandant de « débarrasser » le local avant le 15 septembre
[3] Après expertise, il s’agirait de celui qui servit à Edouard Drumont lors de son duel avec Georges Clémenceau à propos de l’affaire Dreyfus, en 1898.
[4] Mouvement contre le CPE en 2006, contre la LRU en 2007 et 2009, contre l’augmentation des frais d’inscription en 2008.